Je me souviens que pour ma première Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Burkina Faso, trois stades « suffisaient » à garantir l’organisation de cette belle compétition. On se partageait l’hôtel avec nos amis togolais et ivoiriens lors de l’édition suivante répartie en quatre stades et villes entre le Ghana et le Nigéria. Nous étions à la fin du vingtième siècle et à l’entame d’un nouveau millénaire…
Quinze ans plus tard, on trouve une nation où l’on peut réserver son vol et louer sa voiture sur Internet. Les routes sont agréables, bien délimitées et leur signalétique éprouvée. Le choix de Guest Houses ou hôtels modernes et bien équipés est abondant. Il est aisé de trouver une connection wifi ou un smartphone dernier cri tout comme les organisateurs avaient l’embarras du choix pour au final nous offrir cinq stades d’une capacité comprise entre 41 et 94700 places!
Certains diront qu’il s’agit là de l’évolution logique des choses car nous sommes au vingt-et-unième siècle. Certes. Je rappellerai pour ma part que nous sommes tout de même sur le continent africain et que -malheureusement- s’il est possible sur le territoire de Mandela d’organiser des manifestations telles que les coupes du monde de rugby et football, cette réalité y est à ce jour une exception.
Mais l’Afrique voit heureusement son football évoluer. On ne se contente pas que d’y évoquer des surnoms (« Super Eagles », « Bafana bafana », « Palancas negras » ou « Chipolopolos »). Non, il y a bien entendu du beau car ses cinquante-quatre fédérations luttent pour pouvoir afficher leurs étincelantes qualités, et ainsi faire partie de ce cercle des seize meilleures nations, où ils polissent leurs joyaux que sont leurs joueurs. On a aimé y croiser l’intelligence d’un Mark FISH, la rapidité gestuelle d’un Youssouf FOFANA, le charisme d’un Badou ZAKI, la puissance d’un Jules BOCANDE ou l’incomparable improvisation d’un Jay-Jay OKOCHA… Cette compétition phare du continent des Pharaons affiche à travers tout son folklore (ses particulières sonorités, saveurs, couleurs, chants ou danses) tout son bon goût et ses riches variétés.
La notion de plaisir est palpable; reste à comprendre pourquoi les qualités intrinsèques premières des Africains (le dribble, les qualités physiques, l’improvisation etc.) cèdent progressivement la place à la culture tactique bridant ainsi le talent pur. Serait-ce là l’influence de l’homme blanc? Ce « colonialisme sportif » est-il souhaité, voire souhaitable? Du fait de ma double culture, je ne ferai qu’ouvrir le débat en rappelant que le français Claude LE ROY auréolé de sept participations est reconnu pour avoir dompté plus d’une nation.
Au final, en pensant aux K. ASAMOAH, DROGBA, MAAZOU, BELHANDA, ADEBAYOR et bien d’autres, je me délecte à l’avance car je suis convaincu, et c’est le plus important à mon sens, que notre sport-roi, notamment grâce aux individualités que l’on connaît, aux -bonnes- surprises qu’on découvrira, nous permettra de vibrer pendant trois semaines. Et, à l’instar de l’Egypte ou du tenant du titre zambien, on constatera très certainement une performance collective majeure chez le futur vainqueur.
Vive l’Afrique, vive le football, vive la CAN!